Lors des premières soirées chaudes de l’été, je réécoute invariablement Do the Right Thing, du réalisateur Spike Lee. Je replonge avec délice dans l’ambiance fiévreuse de Brooklyn par temps de canicule. La névrose générale induite par la chaleur étouffante, sur fond de tensions sociales toujours brûlantes d’actualité, l’inconfort météo qui pousse à vivre dehors, brouillant la frontière entre la vie privée et publique et intensifiant les frictions, j’aime tout de ce film. Une scène particulièrement réjouissante pour le spectateur lui aussi accablé par la canicule : en plein après-midi, on dévisse une borne-fontaine qui gicle en pleine rue, les enfants comme les adultes s’y précipitent, avant d’être interrompus par la police. Une réappropriation spontanée et festive de l’espace urbain, dans un lieu où rien n’est pensé pour soulager le citoyen. Un texte d'Aurélie Lanctôt, Le Devoir, 5 juillet 2019.